Sorti en Juillet 2022, Stray est un jeu qui a beaucoup plu, entre ses graphismes qui flattent la rétine, son aventure narrative dans un univers dystopique et le fait qu’on incarne un chat extrêmement bien animé. Aujourd’hui il est disponible sur Switch, mais sachant que le jeu impressionnait sur XBOX et PS5, quelles concessions techniques les développeurs de Blue Twelve Studio ont-ils dû faire pour le faire tourner sur une console bien moins puissante? Laissez-moi vous expliquer.
Note : ce jeu a été testé à partir d’un code fourni par l’éditeur. Il est vendu à 27,99€, avec une traduction française disponible.
Stray commence sur notre chat, qui vit avec les siens dans un environnement industriel et clairement abandonné. Mais un accident va perturber cette vie paisible en l’envoyant dans les étages inférieurs d’une ville abandonnée par les humains. Commence alors une aventure pour remonter les strates une par une, tout en levant le mystère qui pèse sur cette cité.
La première chose qui saute aux yeux est la direction artistique. La ville est composée d’environnements urbains décrépis. Le fait qu’il y a eu des habitants autrefois saute aux yeux grâce à une myriade de détails et donne envie d’en savoir plus sur ce qu’il s’est passé. On trouvera ensuite d’autres zones abandonnées qui raconteront toutes quelque chose sur l’histoire de cette ville. On trouvera aussi quelques zones habitées à l’ambiance cyberpunk, d’autant que les habitants sont en fait des robots. Des robots qui ont fini par créer leur vie dans ces ruines et dont certains vous aideront à atteindre ce lieu quasi-mythique qu’est la surface (là d’où vous venez). Bien que vous ayez un statut de perturbateur du statu quo, il est agréable de noter que l’histoire ne donne pas l’impression de tourner autour de vous. La ville a vécu sans vous et vous sentirez vraiment que votre aventure s’intègre dans un tout qui vous dépasse. L’histoire est très bien narrée et l’univers est vraiment crédible. Le voyage a beau ne durer que six heures en moyenne, je trouve que c’est une durée idéale. Les événements s'enchaînent de façon fluide et on ne s’ennuie jamais.
Pour vous aider, vous rencontrerez très vite un petit drone nommé B-12. Ce dernier vous aidera à interagir avec votre environnement et avec les robots occupant les lieux. De plus, il a sa propre histoire, vu qu’il veut aussi rejoindre la surface, même s’il ne sait plus pourquoi. On est clairement dans un buddy movie. Bien que notre chat ne sache pas parler, ses interactions avec B-12 sont très bien mises en scène, et sont assez crédibles pour nous faire croire à la relation qui se crée entre les deux compères. Cela se traduit aussi en jeu : Si B-12 vous aide à progresser en résolvant les énigmes, il est incapable d’aller bien loin tout seul. Et c’est à vous d’utiliser votre agilité féline pour avancer dans le dédale des rues.
En plus des interactions qui se résolvent avec des boutons dédiés, pour la partie énigme du jeu, on a aussi quelques phases de plateforme. Celles-ci sont complètement scriptées : vous allez là où le jeu vous dit d’aller et c’est tout. Dans les zones abandonnées, le chemin est linéaire et aucune liberté ne vous est offerte. L’objectif n’est pas d’explorer, mais de chercher le prochain bouton, le prochain levier, la prochaine énigme qui vous permettra d’avancer. Par contre, il va falloir sauter de tuyaux en tuyaux, de toit en toit, le tout en passant sur des rebords et des aspérités. C’est amusant de jouer un félin, même si le level design n’est pas pensé pour vous poser de grosses difficultés. Vous n’aurez jamais à estimer vos distances ou à utiliser de quelconques techniques. on reste sur un jeu narratif et à ambiance.
Dans les zones habitées le jeu s’ouvre et nous permet d’explorer librement. Et même si on se rend vite compte qu’au final il y a très peu d’activités annexes et qu’on est quand même sur un rail, le fait de pouvoir aller où on veut sur plusieurs sections du jeu reste un changement agréable, et donne une alternance avec les niveaux plus linéaires, ce qui empêche une routine de s’installer. En plus on a la possibilité de faire des actions et de débloquer des endroits avant que l’histoire ne nous ai demandé de les faire, ce qui renforce la crédibilité de ce monde, qui ne vivrait que dans l’attente de notre avancée dans l’histoire (ex. A un moment on nous demande d’aller chercher un objet, qui se trouve dans lieu A, mais lieu A est fermé et il faut trouver un moyen d’entrer ; sauf qu’en explorant vous pouvez très bien avoir déjà trouvé ce moyen d’entrer, ce qui vous facilite la vie quand l’histoire vous demande de chercher l’objet).
Vu que vous dirigez un chat, vous pourrez aussi faire des activités de chats comme griffer les murs et les coussins, dormir à plusieurs endroits, ou frotter les jambes des gens pour vous faire caresser ou les faire tomber. Bref des activités normales pour ces feignasses suppôts de Satan. Vous pourrez aussi miauler. Pour un roleplay chat ces actions sont amusantes et ajoutent encore plus de corps à votre aventure. Par contre, il faut savoir qu’elles ne sont nécessaires que très rarement, et servent surtout à débloquer des trophés sur les autres plateformes. Et comme il n’y a pas de trophés sur Switch…
Le danger prend la forme de quelques menaces. Au début vous aurez surtout à échapper à de petites créatures mortelles lors de séquences de fuite scriptées, puis vous devrez leur échapper lors d’énigmes assez simples (ex. les attirer à gauche pour passer par la droite). Plus tard vous aurez des phases d’infiltration, lors desquelles vous devrez échapper à des drones de surveillance. Là encore la plateforme est linéaire, et c’est surtout la partie énigme qui mobilisera vos méninges, sans jamais être d’une difficulté excessive.
Finalement, Stray est un jeu qui multiplie et renouvelle constamment les situations. En s’assurant que la difficulté n’est pas un obstacle à la progression du joueur, il garantit une expérience fluide, au rythme très bien maîtrisé.
Concernant les musiques, elles servent très bien l’ambiance du moment, mais aucune n’est réellement marquante. C’est plutôt le sound design qui est à féliciter. Les environnements ont droit à des sons d’ambiance qui participent à l’immersion et donnent du corps même aux égouts ou aux quartiers urbains totalement abandonnés.
Pour la technique par contre… ben on est sur Switch. Le portage est de qualité, et les concessions pas trop violentes, mais elles sont quand même là. C’est clairement moins beau que sur les autres plateformes, impossible de le nier. Et pourtant le résultat ne fait pas honte à la console, ça reste beau à regarder. Mais la différence de puissance se ressent. Le jeu est fluide 95% du temps, avec quelques ralentissements sur certains passages. Rien qui soit très gênant, mais ça reste moche quand ça arrive. En gros le jeu fait tout ce qu’il peut sur Switch, et le résultat est très bon, j’insiste sur ce point, mais on sent qu’on est sur une version inférieure par rapport aux autres consoles, et je ne pense pas que ça puisse surprendre quiconque.
Stray est un jeu que je vous recommande, pour peu que l’ambiance visible sur les captures d’écran vous intrigue. L’histoire est très bien narrée, les phases de gameplay sont agréables, même si elles ne présentent pas un gros défi, tout comme les énigmes du jeu, l’ambiance est incroyable, et en plus le jeu est en français, que demande le peuple ? A prix équivalent, sur votre TV, il vaut mieux le prendre sur une autre console. Mais si vous choisissez d’y jouer sur Switch (pour la portabilité, car moins cher, ou car vous n’avez que cette console), vous pouvez vous jeter dessus, les petits soucis techniques ne sont pas assez gênants pour gâcher votre plaisir.
Vous aimerez ce jeu si :
- Vous aimez les chats
- Vous voulez une aventure réussie mélangeant buddy movie et cyberpunk
- vous aimez l’urbex dans des environnements qui ont de la gueule
Vous n’aimerez pas ce jeu si :
- vous détestez les chats
- Vous n’aimez pas les jeux narratifs linéaires
- Vous trouvez que 28€ pour six heures, c’est léger
Test réalisé par Luciole